Revue d'EPS
LA GESTION DU STRESS
[dropcap]D[/dropcap]ans le but de faire face au stress, les différentes techniques doivent être apprises avant d'être exposées à la situation stressante, afin de prévenir l'apparition des tous premiers symptômes : le stress ne retentit pas seulement au plan physiologique, i l peut aussi modifier les réponses cognitives et comportementales du sportif (Thomas et al., 1987). Ces méthodes tout comme les perturbations dues au stress peuvent se rattacher à trois mécanismes principaux : physiologiques, cognitifs et comportementaux. Chacun de ces mécanismes correspond préférentiellement à une façon d'aborder le problème :
Les hommes pratiquent le stress comme si c'était un sport. Madeleine Ferron Artiste, écrivaine, Romancière (1922 - 2010)
le mécanisme physiologique a pour principal objectif d'« isoler » le sujet psycho physiologiquement de la situation, de permettre une réduction des mécanismes physiologiques déclenchés habituellement en condition de stress
le mécanisme cognitif consiste en un processus mental actif et conscient qui permet de transformer l'évaluation cognitive de la demande
le mécanisme comportemental, enfin, permet de changer directement la situation stressante, si cela est possible, ou de trouver une nouvelle voie de réponse.
LA MAÎTRISE DU MÉCANISME PHYSIOLOGIQUE
[padding right="10%" left="10%"]Elle doit conduire à l'apprentissage de la « réponse de relaxation » systématisée par Benson (1975) qui correspond globalement à une baisse de l'activité du système nerveux sympathique et qui peut être considérée comme l'inverse des manifestations neurovégétatives concomitantes de l'émotion :[/padding]
- baisse de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle,
- diminution de la fonction respiratoire.
- baisse du tonus musculaire.« Savoir se relaxer - un long entraînement »." />
- augmentation de la résistance électrique de la peau.
- augmentation de la température cutanée et vas-dilatation.
- diminution de la sécrétion d'adrénaline, de noradrénaline, d'ACTH et de corticoïdes.
- diminution de l'activité corticale avec augmentation des ondes alpha et quelquefois apparition d'ondes thêta.
On observe également une modification fonctionnelle du système nerveux central avec baisse de l'activité réticulo-corticale et thalamocorticale. Ces changements semblent aller dans le sens d'une concentration et non d'un endormissement. Les principales techniques existantes sont rattachées à deux mécanismes psychophysiologiques :
- action par le biais du tonus musculaire
, - action par le biais du tonus viscéral.
La méthode la plus employée Outre-Atlantique est la relaxation progressive de Jacobson. C'est sur la liaison psychosomatique viscérale que joue principalement le Training Autogène de Schültz dans lequel on cherche à obtenir par suggestion, puis auto-suggestion, des modifications vasomotrices et cardiorespiratoires spécifiques du repos.
Ces méthodes mises au point dans la première moitié du siècle ne sont plus applicables telles quelles car trop rigides et demandant un trop lourd investissement en temps pour être compatible avec la vie moderne. Elles ont donc été simplifiées par les thérapeutes comportementalistes et par nous-mêmes. L'apprentissage très progressif qu'elles nécessitent est quand même plus rapide que ce que prévoyait Schültz et Jacobson. Une nouvelle étape est apprise chaque semaine, à raison d'une répétition par jour. Le temps total d'apprentissage est ainsi de 6 à 8 semaines.
UTILISATION DE LA RELAXATION EN CONDITIONS DE STRESS

Lorsque la réponse de relaxation est acquise, il est possible de la déclencher à minima pour permettre une baisse de l'activation et par-là même l'abord d'une compétition de façon plus décontractée.
Afin de ne pas se laisser déborder par le stress, un entraînement préalable peut être envisagé. L'idée est d'adjoindre à la situation anxiogène une réponse incompatible avec le développement de l'anxiété : la réponse de relaxation qui est antagoniste avec la réponse de stress. Un entraînement en imagination peut se faire sur le modèle de la désensibilisation systématique de Wolpe (1958). On associe la relaxation à une imagerie mentale d'anxiété, le programme s'effectuant en plusieurs étapes. La première étape est une séance d'éducation sur l'anxiété, ses effets sur la performance et les possibilités de la négocier. Dans la deuxième étape, on établit un programme de relaxation profonde, type Schültz ou Jacobson. En s'appuyant sur les données issues du contexte, le sujet et le thérapeute vont, dans la troisième étape, construire une hiérarchie des situations en fonction du niveau d'anxiété qu'elle provoque. La séance de désensibilisation systématique consiste alors à se représenter successivement les scènes de la hiérarchie anxiogène en état de relaxation afin de les vivre sans tension excessive.
Chez les sportifs, de nombreuses techniques s'inspirent de la désensibilisation systématique mais il s'agit alors de développer chez le sujet des moyens de faire face dans la vie active et non plus de le traiter pour des réponses inadaptées. On cherche une véritable autonomie du sujet.

L'Anxiety Management Training (AMT) de Suinn (1971) permet ainsi un véritable entraînement au contrôle de l'anxiété. Le sujet est entraîné à reconnaître ses manifestations spécifiques d'anxiété dès qu'elles commencent à se manifester. A partir de cette reconnaissance, il va acquérir un conditionnement comportemental positif. Le psychologue lui demande d'évoquer des scènes génératrices de montée d'anxiété, et immédiatement après de les quitter et de se relaxer. Il s'habitue ainsi à faire avorter les situations anxieuses et à contrôler la situation. Il n'y a pas dans cette technique de hiérarchie ni de montée progressive de la tension anxieuse. Le sujet choisit lui-même ses épisodes anxiogènes.« Parvenir à une évaluation de soi non d'anxiété »." />« Se rapprocher de la résonance émotionnelle et orienter l'imagerie vers la réussite »." />
Dans une autre technique, le Visuo Motor Behavior Rehearsal (VMBR) (Suinn. 1975), le sujet ne se centre plus exclusivement sur le contrôle de l'anxiété, mais il utilise cette technique pour se préparer à la victoire en éliminant les scènes anxiogènes et en les remplaçant par des situations de succès. Le sujet est entraîné à imaginer des scènes réalistes dans lesquelles il intervient et qui se rapportent aux situations qu'il doit affronter. Il doit se rapprocher au plus près de la résonance émotionnelle qu'elles sous-tendent et orienter son imagerie vers la réussite. Ces techniques d'imagerie sont très utilisées dans un but d'amélioration de la performance.
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